vendredi 6 avril 2012

Bangladesh mercredi 28 mars 2012



C'est une matinée vacances qui s'annonce et, comme prévu, vers 7 h 45, après le petit déjeuner, nous partons vers les îles dans un petit bateau à moteur avec un guide qui nous dit être  coordinateur de Friendship. En fait, on nous emmène visiter un village modèle de Friendship où les enfants, sages et bien habillés, assis par terre dans un bâtiment flambant neuf, se lèvent quand nous arrivons à l'école, répètent, en cœur, après la maîtresse : - "WELCOME TO BANGLADESH !" et nous chantent des comptines. 









Dehors on nous montre des jardins potagers tirés au cordeau, une autre et encore une autre école. Ce village est splendide, entouré d'hibiscus blancs; rien à voir avec la population du bateau et on ne peut que féliciter Friendship pour le travail accompli. Mais pour un village modèle, combien de milliers de villages miséreux et pourris? Ceci n'est pas le Bangladesh; le Bangladesh, c'est cette autre île, non prévue au programme, où nous demandons à nous arrêter parce qu'il y a un marché, un marché où il n'y a rien à vendre en dehors d'énormes et solides roseaux chargés sur de grandes barques plates. Pas de fruits, pas de légumes, juste des sacs de toutes petites arachides et j'aperçois une poule dans un panier à l'arrière d'un vélo. Là, les enfants sont en guenilles, courent pieds nus sur la plage sous un soleil de plomb, viennent vers nous mais ne nous chantent pas de chanson. Plus haut fument des petites gargotes où les plus chanceux iront partager une assiette de riz ou un morceau de poisson qui baigne dans une sauce jaunâtre d'aspect douteux.





Retour à la péniche, il est midi. Nous remercions notre guide pour cette balade, je ne devrais peut-être pas l'écrire mais tant pis, sans grand intérêt pour moi, ce que, bien sûr, je ne lui dis pas.

Nous allons payer cet après-midi nos vacances de ce matin. Au bloc et en salle de réveil, c'est le bordel complet. Shahin est malade, il n'y a qu'Angelina pour aider Didier et donc plus de panseuse. Je vais donc être anesthésiste et faisant fonction de panseuse tandis qu'Olivia a plein de gros pansements à refaire. Comme les enfants ont mal, je dois les endormir un peu et je cavale entre la surveillance du patient au bloc, les petits qui délirent sous kétamine pour les pansements et les fils que réclame Didier et que je ne trouve pas. Olivia gère au mieux, Luc fait les attelles et, au milieu de ce joyeux bordel, je découvre la maman de Morzina qui, assise à côté de sa fille, partage, à pleines mains, une bassine de riz. Si le riz tombe sur les compresses stériles du pansement de Maria, ça va faire mauvais genre et je la fais sortir ainsi que tout le petit monde venu en visite et qui papote allègrement. Ça n'est plus un bloc, ça n'est plus une salle de réveil, c'est un poulailler qui caquète où il nous est impossible de travailler.


Celina et Angelina



Les patients de cet après-midi sont difficiles et longs à opérer. Nous sommes obligés d'annuler le dernier, un petit de 8 ans, pour une fente labiale que nous reportons à demain... ou après-demain... 
Sans nous concerter, Didier et moi tirons les mêmes conclusions de la promenade de ce matin : À NE JAMAIS REFAIRE. Nous étions, bien sûr, tous les quatre contents d'y aller mais il y a trop de travail et, c'est vrai, on n'est pas venu pour ça, d'autant que deux enfants viennent d'arriver et se rajoutent au programme. Il nous reste seulement deux jours pour opérer et nous devons impérativement tout boucler.

Après la soirée moucherons, c'est la soirée cafards. Ils traversent la salle de douche pendant que je tente un shampoing et il y en a un énorme dans ma chambre à qui je règle son compte à coups de trois tonnes d'insecticide local.

Le dîner diététique - beignets de poulet et pommes de terre sautées, le tout dans 12 litres d'huile - se termine par un dessert, typique bangla, nous dit le cuistot, auquel personne ne touche, désolée cuistot : on dirait des spaghetti très fins qui trempent dans... mais au fait, dans quoi trempent-ils?





À l'hôpital de la plage, l'ambiance est inchangée. Certains opérés - deux fentes labiales - sont déjà repartis avec des consignes pour les soins mais nous sommes, sans doute, plein d'illusions. À l'hôpital de la plage, le fils de Morzina joue avec la petite voiture que je lui ai donnée, insouciant de cette drôle de vie qui lui est imposée.




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