lundi 25 juin 2012

Mongolie vendredi 15 juin 2012




Dans l'avion vers Ulan Baatar...
Nouvelle mission en Mongolie pour l'Opération  Sourire de Médecins du Monde. Départ tôt de Pau ce matin, Philippe me laisse à l'aéroport. Nous avons l'habitude de ces départs au petit matin  vers des horizons lointains où la séparation permet de mieux se retrouver. J'ai besoin, moi, de ces missions vers là-bas ou ailleurs pour reprendre pied, loin du quotidien de la clinique. J'ai besoin de partir pour donner, sans rien d'autre en retour que des sourires d'enfants, des regards de mamans. J'ai besoin d'autres priorités, d'autres urgences.
Bonheur des retrouvailles à Paris. Delphine, chirurgien des brûlés à Lyon, mon amie de cœur, ma complice de mission, l'accord parfait au bloc dans une confiance mutuelle où la partition se déroule sans fausses notes. Didier, chirurgien à Marseille, chef de mission, mon compagnon du Bangladesh, un grand cœur de râleur, des mains qui réparent d'autres mains, une affection sans faille malgré ses gros coups de gueule; nous fonctionnons en osmose et chacun connaît les limites de l'autre. Jacques, anesthésiste réanimateur à la retraite, ancien chef de service de réa des brûlés à Lyon, ami de Delphine; il vient pour faire des cours et pour aider les Mongols dans la conception du nouvel hôpital des brûlés qui va se construire; sourire chaleureux, abord facile, "un grand Monsieur", me dit Delphine. Et puis il y a Thomas, chirurgien assistant dans le service de Didier, Eric, kiné et Pauline, également kiné, que nous retrouverons à Moscou.
C'est à Bagages du Monde que nous récupérons les 200 kg de matériel médical pour la mission. Poussant nos cartons, notre caravane s'ébranle telle une bande de réfugiés au destin incertain. Le nôtre s'arrête en plein hall de l'aéroport et c'est devant un groupe de touristes japonais médusés que nous ouvrons les cartons et transvasons leur contenu dans des sacs MDM. Seringues, fils de sutures, tubulures de perfusions, c'est la grande braderie de l'humanitaire en plein cœur de Roissy. Manquent le shit et la coke. Cette opération cartons-sacs, programmée par MDM, est en fait une ruse pour faire croire aux douaniers mongols que nous sommes des touristes et leur enlever l'envie de tout nous braquer à l'arrivée. Plus futés que nous, tu meurs!
L'hôtesse qui nous accueille pour l'enregistrement des bagages a mauvaise mine en nous voyant, d'autant que Didier, avant même de lui dire bonjour, lui passe un saxo et lui explique que nous faisons ce barnum depuis neuf ans déjà, que nous connaissons bien la procédure et qu'il faut répartir le poids sur tous les passagers. Sauf que ça n'est pas du tout la bonne procédure et que l'hôtesse, tout sourire mais au bord du désespoir, entonne le couplet -"on se calme et on s'organise". 90 minutes d'organisation et 2000 euros de surcharge de bagages plus tard, chacun a sa carte d'embarquement et il nous reste juste le temps de rater l'avion. Contrôle de police et contrôle des bagages. C'est l'heure de déjeuner et des employées noires, nonchalantes et zélées, nous jouent un grand sketch dans un accent créole inimitable.
- " Tu pouends l'écouan ? " - traduisez : tu prends l'écran ? - Y en a une qu'en a marre de regarder l'écran d'contrôle et l'autre ka pas du tout envie d'la remplacer. Bon, c'est pas comme si on était pressés et qu'on risquait de rater l'avion ! Y a juste vingt personnes qui attendent devant le tapis roulant à l'arrêt que quelqu'un prenne ce putain d'écran et Delphine qui tient dans la main un sac de plastique contenant des petit flacons de produits de toilette et qui vient de péter, va juste leur faire bouffer les flacons et le sac plastique !!! Nous ne raterons pas l'avion car il a 30 minutes de retard et c'est à bord d'un Airbus
A320 d'Aeroflot affrété par Air France que nous embarquons pour un vol de 4 h 30 vers Moscou. Le plateau repas froid servi à bord est digne des pires cantines et devrait faire honte à Air France, compte tenu du prix exorbitant des billets d'avion.


Atterrissage à Moscou avec une heure de retard, mais là encore nous ne raterons pas l'avion car celui d'Ulan Baatar est, lui aussi, en retard. Nos bagages, eux, sont peut-être dans  l'avion, peut-être plutôt en escale à Moscou... Non, non, me dit Didier, ils sont prioritaires et ils vont faire le rush ! S'ils vont faire le rush, alors, aucune raison de s'inquiéter...
Vol de 6 heures vers la capitale mongole. Nous débarquerons dans la nuit à 1h pour la France, + 6 heures de décalage horaire. Le jour se lève déjà sur un océan de nuages et je suis juste un peu fatiguée. 

Mongolie samedi 16 juin 2012


AVERTISSEMENT
Il est bien délicat de témoigner d'une mission de chirurgie des brûlés. Ne pas illustrer notre difficile travail pourrait être trompeur, mais les photos de brûlures sont pénibles à regarder. Malgré mes efforts de retenue dans ce domaine, il est inévitable que certaines images puissent vous paraître choquantes. Elles ne sont que l'illustration de la triste réalité.




Débarquement à Ulan Baatar, il est 6 h 45, heure locale. Formalités de police et rassemblement de chariots pour récupérer nos 19 sacs et cartons confondus. Le tapis roulant démarre, nous sommes tous à l'affût. Delphine pique un sac qu'elle croit être à moi et qui appartient à une jeune fille qui se précipite pour se l'approprier. Les sacs noirs succèdent aux sacs noirs et font le tour du manège. Fin de la livraison des bagages, force est de constater que les nôtres n'y sont pas. Par respect pour mon chef chéri, je ne dis pas un mot sur les bagages prioritaires et le rush... Saran, notre  interprète, récupérée dans le hall d'accueil avec Battorgil, le directeur de l'hôpital, vient nous aider pour les réclamations. Résumé de l'affaire : mes sacs sont à Berlin ... ben ouais ! C'est pas du tout la peine de rire... et devraient arriver demain par un vol de la MIAT, le reste ne sera là que lundi par le prochain vol d'Aeroflot.
Battorgil qui a anticipé notre arrivée prévue avec trois tonnes de matériel, est venu avec une ambulance pour tout transporter. Et c'est finalement toutes sirènes hurlantes que l'ambulance, chargée d'une partie de l'équipe, quitte en urgence le parking de l'aéroport, direction l'hôtel, une vraie série américaine. Les autres suivent en voiture. Notre hôtel, Gobi Complex, est situé loin du centre ville, à proximité de l'hôpital de traumato où nous pouvons nous rendre à pied. C'est un lieu un peu kitsch, mais confortable et le petit déjeuner que l'on nous sert à l'arrivée est le bienvenu. Certains démarrent à la bière, pourquoi pas... Il est vrai qu'avec la fatigue et le décalage horaire, on ne sait plus très bien où l'on en est.
Douche, petite sieste et départ à 14 h pour l'hôpital où nous retrouvons Khishgee, la chirurgien responsable du service des brûlés, qui vient de passer un mois à Lyon, pour se former, dans le service de Delphine.


Khishgee



L'hôpital des brûlés où nous travaillons habituellement, a déménagé la semaine dernière sur l'hôpital de traumatologie car il va être détruit et totalement reconstruit : bâtiment moderne et plus grand, service d'urgences et de réanimation, locaux adaptés à cette pathologie spécifique. Jacques est venu les aider à préparer cet ambitieux projet qui devrait aboutir dans trois ou quatre ans.

L'hôpital de traumatologie


Les patients nous attendent et défilent pour la consultation. Nous en voyons une trentaine, en majorité des enfants présentant pour la plupart des séquelles de brûlures de gravité variable. Mes sacs étant ... à Berlin ou ailleurs ... je ne peux pas, à mon grand regret, commencer la distribution de peluches; ce sera pour demain.





Visite dans le service où quelques enfants vont être opérés cette semaine. Brûlures aiguës ou séquellaires, enfants qui dorment ou se rassurent accrochés au sein de leur mère, sourires échangés, regards partagés, gold standard d'une mission où chacun est venu pour s'investir à fond.
La réanimation est le domaine d'une jeune femme chirurgien, effacée et discrète. Elle règne sur ce petit royaume où la prise en charge des patients a fait un bond impressionnant. Il y a là un petit de 10 mois, tombé il y a quatre jours dans une bassine d'eau bouillante, brûlé à 60 %. Il pourrait être mort, il vit, perfusé par un cathéter sous clavier, sous morphine à la seringue électrique, prise en charge exceptionnelle dans ces conditions de travail quelque peu précaires. Jacques, spécialiste en réa brûlés, est impressionné. Moi aussi, je dois dire et je n'arrive pas à détacher mes yeux de ce petit visage rond, emmaillotté de bandes blanches qui se calme lorsque sa maman se couche presque sur lui pour lui donner le sein.
Dans le lit d'à côté, un homme jeune très grièvement brûlé dans un incendie, respire difficilement. L'odeur nauséabonde de l'infection plane au-dessus de lui tandis que la mort, tapie en embuscade, rode autour de ses futures proies que l'équipe soignante s'acharne à maintenir en vie et à ne pas lâcher. Nous quittons la réa, il mourra dans la nuit.



Dans la chambre d'à côté, un petit garçon de trois ans est prostré, le regard fixe, totalement vide. Il ne bouge pas, il ne pleure pas, il ne crie pas. Écrasé par sa douleur, enfermé avec elle dans son corps mutilé, il présente une atonie psycho-motrice. Celui que les médecins croient être un enfant sage, est en fait un enfant en danger qui ne manifeste plus rien et je me sens là encore en grand désarroi, sentiment d'impuissance, d'inutilité absolue.




Retour dans le bureau de Khishgee pour faire le programme de demain, cinq patients. Nous opérerons dans un seul bloc où se trouvent deux tables, joyeux bordel annoncé.

La fille de Didier et son ami, qui bossent en Mongolie pour des ONG, nous rejoignent à l'hôtel. Nous dînons tous ensemble dans un restaurant indien où la Chinggin, la bière locale, coule à flots. Bonne soirée et bonne nuit.









Mongolie dimanche 17 juin 2012


Ulan Baatar


Bonne nuit malgré la chaleur et bon petit déje où j'arrive la première et où tout est parfait. Thé, Nescafé, œufs frits et saucisses... beurk!.., mais aussi jus de fruits, quartiers de pommes et d'oranges, pain, beurre, confiture... Royal !
Delphine me rejoint, suivie de Pauline. Suite du classement : Jacques, Didier et loin derrière, Thomas. Je quitte la pièce avant l'arrivée d'Eric.
Je pars seule à l'hôpital dans l'espoir de récupérer mes sacs dont l'arrivée de Berlin... on ne rit pas... est prévue à 6 heures ce matin. Il fait déjà chaud et la route est poussiéreuse. Dehors, devant l'hôpital, des patients assis sur des murettes en pierre, discutent enveloppés dans les volutes de fumées de leurs cigarettes.
Quelques errances dans les couloirs de cet hôpital que je ne connais pas, me conduisent à la porte du bureau de Khishgee, fermé, of course; personne n'est arrivé. Le bloc, par contre, est ouvert : dans cette pièce plutôt vaste, je découvre deux tables d'opération côte à côte, un respirateur rudimentaire mais tout à fait fonctionnel, deux scopes, mais le scope que j'ai acheté et offert il y a deux ans a juste... disparu et personne ne sait où il est... Je le retrouve en fouillant dans une réserve, enfoui dans un carton poussiéreux, mais on me dit qu'il ne marche plus. Je vérifie; effectivement le moteur qui prend la TA ne s'enclenche pas et je ne sais pas du tout comment je vais gérer. Le rapporter en France et tenter de le faire réparer ??? Sans doute...
Je récupère un gros sac où j'ai laissé des médicaments lors de la dernière mission, des tenues de bloc, des sabots. Il reste de quoi endormir quelques patients et j'apprends  que mes sacs ne sont pas arrivés à l'avion. Une fois encore, par respect pour mon chef chéri,  je ne parle ni des sacs prioritaires ni du rush mais j'ai quand même une pensée pour les 2000 euros que Médecins Du Monde, subventionné par LOréal pour l'Opération Sourire - merci Liliane ! - a dû larguer pour la surcharge de bagages. Arriveront ? Arriveront pas ? Demain ou plus tard peut-être...  J'ai une brosse à dents, un peigne et je n'ai aucune fringue pour me changer... Je n'ai pas mon stimulateur de nerfs, pas d'antibiotiques, pas de paracétamol injectable, je n'ai pas grand chose, juste un petit coup de blues passager parce qu'il faut absolument bien travailler.





Je demande le premier patient; c'est une petite fille de 9 ans, Erdenechemeg, qui présente des séquelles de brûlures très étendues de tout le dos, des fesses et de la face postérieure des deux membres inférieurs. Allongée sur le ventre, ses yeux ne regardent rien, son visage est figé, sa tristesse infinie et je n'ai même pas un collier, un bracelet pour tenter de lui redonner le sourire.

Erdenechemeg
Ces cadeaux-là sont aussi dans mes sacs, oubliés dans un aéroport ou dans la soute d'un avion. Bien sûr, sa perfusion diffuse et il faut la repiquer, non sans mal car elle a déjà été énormément perfusée. Un petit cathlon posé sur l'avant-bras ne la fait même pas pleurer; j'aimerais qu'elle hurle, qu'elle manifeste, qu'elle ne subisse pas tout sans rien dire, mais elle a déjà tellement subi qu'on dirait qu'elle regarde son corps comme s'il ne lui appartenait plus. L'anesthésie générale se passe bien, aidée par Amsré, infirmière anesthésiste que je connais bien, qui a toujours l'air de s'emmerder prodigieusement et qui ne fait que le minimum syndical. Mais elle fait. Grosse déception de cette mission, Otron, mon infirmière anesth préférée, dynamique, passionnée et d'une rare compétence, que je forme depuis tant d'années, a été mutée aux urgences et je ne sais pas si je pourrai la voir pour lui offrir les bijoux et les parfums que je lui ai apportés.







Delphine s'habille et commence à opérer la fillette pour enlever un ballon d'expansion
infecté et réséquer quelques cicatrices tandis que, dans la même salle et sur la table à côté, Didier, aidé de Thomas, va gérer, sous ALR (anesthésie loco régionale), une grosse brûlure électrique de la face palmaire de la main gauche par un "lambeau chinois" dont il a le secret.
Je réveille sans problèmes ma petite fille triste qui repart avec sa maman sur un brancard que je regarde disparaître au bout du couloir.

La patiente suivante est une adulte de 30 ans, gênée par une bride de la face interne du coude droit; résection et greffe sous ALR, pas de souci particulier.
Il est 14h15 quand les 2 patients sortent de salle.


Nous devons déjeuner à la cantine de l'hôpital sauf que, dimanche oblige, la cantine est fermée. Nous  allons donc pique-niquer dans une petite pièce que j'ai demandé qu'on me libère pour ranger mon matériel si, par miracle, il arrive et que Didier appelle pompeusement "ton bureau". Ben ouais !!! C'est ki l'chef ici ? Y faut juste savoir demander à la bonne personne et au bon moment et hop ! T'as un bureau ! Trop fastoche !
C'est donc dans MON bureau qu'on nous apporte deux grosses boites de Burger King, contenant des pilons de poulet frit et des frites au ketchup. Ben voilà, c'est bon, je vais regarder les autres manger en espérant trouver demain, à la cantine, un semblant de repas végétarien. Un très mauvais Nescafé me défonce l'estomac et nous reprenons le programme.
Pendant que Jacques part en réa aider à faire des pansements sous Kétamine, nous opérons au bloc deux patients sous rachi anesthésie. L'homme de 38 ans s'est brûlé le dos il y a un mois dans un accident où sa moto a pris feu; Delphine, aidée par une chirurgien mongole, fait des greffes et, spectacle incroyable, le patient, couché sur le  ventre pendant l'intervention, envoie des textos sur son portable !



Sur la table à côté, une femme de 34 ans, subit sa cinquième intervention pour de grosses séquelles de brûlures du périnée; elle est tombée sur des braises brûlantes à l'âge de trois ans... C'est Didier qui gère et cette cohabitation de deux interventions simultanées dans la même pièce est plutôt pratique pour moi car elle me permet, campée au milieu du bloc, d'avoir un œil sur les deux patients en même temps. Et jusqu'à maintenant le calme règne, c'est la paix des ménages et le bonheur pour tous.
Pendant que je pique la rachi de la dame en lui demandant dix fois si je ne lui fais pas mal, un jeune anesthésiste mongol bourru pique à côté de moi la rachi de l'autre patient. Tandis que les rachis s'installent, Byamba, notre interprète qui ne nous quitte pas au bloc,  me dit que les patients s'étonnent que nous soyons aussi gentils car "les anesthésistes mongols sont des brutes et traitent les malades comme des animaux". J'ai déjà remarqué leur manque de chaleur et d'empathie, mais la comparaison me fait peur. Les chirurgiens mongols, par contre, sont toutes et tous très gentils, permettant l'équilibre.
Fin du bloc, il est 18h30. Nous prenons connaissance du programme de demain qui ne me paraît pas gérable car il y a quatre patients sous anesthésie générale sur six dont deux tout petits et un seul respirateur. Je demande à Khishgee de le modifier pour que nous ayons ensemble au même moment dans la salle, un patient sous AG et un sous rachi ou ALR.



Quand nous quittons l'hôpital, le ciel est gris et quelques gouttes de pluie tentent de réchauffer une atmosphère un peu lourde. Retour à l'hôtel où Delphine tente vainement de faire démarrer un gros ventilateur. Dans la chambre en face, Didier, drapé dans un peignoir blanc, regarde un Mongol réparer sa douche où l'eau coule glacée. Je ne sais pas si l'eau de Didier est chaude maintenant, mais je sais par contre qu'on nous a échangé
un ventilateur cassé contre une clim qui marche et dont le mode d'emploi est en coréen.

Jacques vient de potasser le Lonely Planet où il a trouvé un resto végétarien. Pour me faire plaisir et comme je n'ai rien mangé à midi, nous y allons ce soir. N'y allez surtout pas, sans intérêt aucun, on mange mieux à la maison...

Demain est un grand jour, nous allons peut-être récupérer nos sacs et le matériel médical. En attendant ce grand moment, Jacques a été s'acheter un caleçon mongol rouge aux motifs de dragons qui devrait ravir sa femme.
 







  


Mongolie lundi 18 juin 2012



Après avoir soufflé toute la nuit, le vent ne faiblit pas ce matin tandis que je pars seule à l'hôpital pour tenter de ne pas commencer les programmes trop tard. Alors qu'à l'hôpital des brûlés j'avais réussi à initier une bonne dynamique au bloc avec le 1er patient en salle à 8h, ici je recommence à me battre contre des moulins à vent. Byamba, notre interprète, arrive à 8h10, en même temps que moi, les patients sont prévus au bloc à 8h30 mais tout le monde part à une réunion qui ne doit durer que 10 minutes, ben voyons... Je croise Battorgil au flegme légendaire et lui demande des nouvelles des sacs; il ne sait pas, il va téléphoner, il cherche les tickets de bagages. Alors là, deux solutions, je reste zen et je m'en fous ou je lui fais bouffer les 19 tickets de bagages dès qu'il les a retrouvés. Je pense opter pour la zénitude; d'ailleurs où est le problème ? je vis au bloc avec les restes de la dernière mission, demain je n'aurai plus rien; à l'hôtel j'ai une brosse à dents et plus de dentifrice. Donc demain, je passe à l'hypnose et je vais au supermarket racheter du dentifrice. Elles est pas belle la vie chez les Mongols ?
Depuis notre arrivée, Delphine demande à Khishgee de prévoir un planning pour les cours que Jacques est officiellement venu faire et d'organiser les réunions administratives avec Battorgil et les autres pour bosser sur le projet du nouvel hôpital mais sur ce front-là rien ne bouge non plus.



9h : arrivée de Delphine, j'attends toujours le 1er enfant, Battorgil a appelé l'aéroport, il semble que les bagages soient arrivés mais c'est Didier qui a les tickets...  à l'hôtel. Delphine me dit que Thomas était en pré pétage  de câble au petit déje parce qu'il n'a pas son sac et donc pas ses T-shirts, pas ses caleçons... Il veut partir à l'aéroport le chercher. Mais qu'il y aille, seul et avec les formalités de douane en Mongol, il y sera toujours quand nous rentrerons en France.





10h: arrivée du premier enfant, hurlant et sans dossier. 10h15 : Arrivée du dossier mais le poids que j'ai demandé pour chaque patient n'est pas noté. Namsré, l'infirmière anesth (IADE) d'hier, est venue puis repartie et ne reviendra pas; il n'y a pas non plus de médecin anesth pour m'aider. OK,  OK, je respire à fond, je fais un grand sourire et j'emmène le petit en salle. Delphine doit réséquer et greffer des  brides de la main droite. Débarquement d'une nouvelle IADE que je ne connais pas et qui  ne connaît pas la salle. Alors on cherche un laryngoscope, une sonde d'intubation, une perfusion et une tubulure pourrie sans site d'injection. Je ne sais pas comment j'endors, mais j'endors tout de même en répétant pour la 25ème fois qu'il faut faire venir le deuxième patient.



C'est en fait une patiente de 34 ans qui a, comme hier, des séquelles rétractiles de brûlures du périnée. J'ai cadré le petit, Delphine, très calme mais au  bord de l'explosion, s'habille et je pique la rachi aidée par l'interprète car le personnel se fait rare au bloc en ce matin ensoleillé d'une journée ordinaire de mission à Ulan Baatar. Didier débarque avec une excellente nouvelle : tous nos sacs ont été ouverts, plus ou moins pillés - à confirmer - et, dans l'immédiat, Battorgil ne peut pas aller les chercher. Destruction massive à Moscou ou à l'arrivée en Mongolie ? Étendue des dégâts ? Tout reste à évaluer, Didier va porter plainte. Ambiance ...
Delphine : - " Chuis au bord de la crise de nerfs". Thomas : - " J'veux une casaque plus grande pour opérer, chuis trop serré. " Khishguee : - " Y en a plus, Battorgil a tout jeté pendant le déménagement et celles d'ici sont à stériliser."
Alors on reprend, chaque équipe travaille en silence et termine ensemble. Il est midi, je réveille le petit pendant que les chirurgiens  voient en consultation une jeune femme de 28 ans, épileptique, tombée dans le feu, pour la deuxième fois, au cours d'une crise. Brûlures du visage, du thorax, grand chantier chirurgical annoncé et anesthésie sportive car elle ne peut pas ouvrir la bouche. On prévoit de l'opérer vendredi matin.



Didier et moi devons partir en mission exploratoire à Khvod, à l'ouest de la Mongolie, à 2000 km d'Ulan Baatar, au pied de l'Altaï, pour tenter de monter une nouvelle mission permettant de prendre en charge ces populations éloignées et défavorisées qui ne peuvent pas venir jusqu'à nous. L'avion pour Khvod est demain après-midi avec retour jeudi. Khisgee promet qu'il y aura un anesthésiste mongol pour me remplacer parce que si le bordel innommable d'aujourd'hui se poursuit, Delphine peut venir avec nous, ça ne sert à rien qu'elle reste.






Poursuite des hostilités avec un petit de 18 mois qui a deux veines utilisables que l'IA D s'empresse de péter, refusant de passer la main. Et ki c'est ki va péter un câble ? Après 30 minutes de galère, Jacques réussit à mettre un cathlon dans une fémorale et je peux endormir.
Les garçons font un pique-nique dans le bureau pendant que nous opérons et nous faisons, Delphine et moi, le break à 14h30. C'est à ce moment-là que j'apprends que Battorgil va rentrer de l'aéroport, que les bagages n'ont pas du tout été pillés, seul un carton MDM, malmené, est un peu éventré et surtout qu'il a tous les sacs sauf... sauf.. sauf... un des miens, mais je ne sais pas lequel. Retour de Battorgil, il me manque le plus gros sac, blindé de médicaments, de peluches, de jouets pour les enfants, de bijoux et de parfums pour leurs mamans et qui contient, accessoirement, ma trousse de toilette et mes affaires perso. Alors certes, ma garde robe ne contient que le minimum vital pour me changer, 1 pantalon, 1 t-shirt  et 1 slip mais là, je n'ai plus rien. Par chance, je sauve mon stimulateur de nerf dans le sac récupéré. Pour l'autre sac, deux hypothèses : soit il  s'est perdu, pas de bol et je vais le récupérer, mais quand ? Soit il a été braqué par les douaniers russes et là... Battorgil appelle Aeroflot qui, bien sûr, ne sait pas, mais dont une employée zélée lance les recherches et rappelle... sans préciser quand... Nous attendons toujours ce soir.



Je passe beaucoup de temps à tout ranger et Khisghee annule la dernière patiente car il n'y a plus de casaques ni de matériel pour opérer. Elle nous dit que c'est très difficile pour elle avec le déménagement, je veux le croire. Nous venons, nous, de passer une journée pourrie.
Le départ à Khovd avec Didier est bien demain, mais en fin de matinée par un vol non direct.  Atterrissage à Olgii, à 200 km au nord ouest de Khvod que  nous devons rejoindre en voiture après 6h de piste. Nous rentrons jeudi de notre escapade en espérant avoir trouvé un hôpital pouvant nous accueillir pour nos prochaines missions.



Retour à l'hôtel tandis que le ciel est à l'orage et c'est trempés par une énorme averse de grêle que nous arrivons dans le hall. Mon pantalon est à tordre et je n'ai rien pour me changer. Delphine me prête un T-shirt, j'attends que mon pantalon sèche.
Ce soir dîner en ville et soirée agréable. Le problème est que l'hôpital de traumato est loin du centre et que nous sommes obligés de prendre un taxi à chaque fois. Ici, il suffit de se mettre au bord de la route et d'arrêter une voiture particulière, puis de négocier le prix de la course. Eric le kiné est typé asiatique car ses grands parents sont Cambodgiens et tout le monde le prend pour un Mongol. Ce soir encore, le chauffeur de taxi commence à lui parler Mongol et nous éclatons tous de rire.
Le dîner est excellent et il est plus de minuit quand nous rentrons nous coucher.









Mongolie mardi 19 juin 2012



Première au petit déje, Delphine me rejoint, je pars seule à l'hôpital où j'arrive à 8h. Le bloc se réveille et j'impose la cadence. En moins de 15 minutes, Nominjin, petite fille de 6 ans est en salle et de grosses larmes roulent sur ces joues tandis qu'elle regarde sa maman s'éloigner. Je voudrais lui dire de ne pas avoir peur, je voudrais lui donner une grosse peluche pour la rassurer, je vais juste la serrer dans mes bras et rapidement l'endormir pour que Delphine déplie les vilaines brides de sa main droite brûlée.
L'homme de 36 ans que l'on vient d'installer sur la table à côté est aussi grand que gros et gras; son visage joufflu rayonne d'un sourire éclatant, témoignant de la confiance qu'il met en l'équipe chirurgicale. Son pied droit brûlé est dévoré par une vilaine plaie nécrosée, nauséabonde, mettant les tendons à nus. Boya, l'anesthésiste mongol - et gentil ! - vient d'arriver. Il pique la rachi. Il est 8h30, les patients sont cadrés, la petite dort, la rachi s'installe; manquent à l'appel les chirurgiens français qui arrivent tranquillement à 9h. En fait, à l'hôtel, ils n'ont plus d'eau chaude dans leur chambre et ont tous défilé dans la nôtre pour se doucher... Delphine s'habille rapidement et commence à opérer. Thomas, lui, n'en croit pas ses yeux de voir que tout est opérationnel et qu'on l'attend. Bisous à Delphine, consignes à Boya, nous partons pour l'aéroport après avoir récupéré Stéphanie, la fille de Didier, qui vient avec nous.







Une excellente surprise nous attend à l'aéroport, le vol est retardé à 15h ou tout simplement annulé, personne ne sait. Euh.... par hasard, y a pas quelqu'un ka vu passer mon sac ???... Didier demande à parler au chef de je n' sais pas quoi, juste histoire de l'engueuler un bon coup et de soulager la tension quelque peu palpable que je sens monter. Alors maintenant on respire à fond, on reste zen et on cherche une solution de rechange. On cherche et même on trouve un vol direct pour Khvod en début d'après-midi, sur une autre compagnie qui nous met sur liste d'attente, confirmation à 12h30. Si ok, on zappe les 200 km et les 6h de piste prévus et on peut même, peut-être, rentrer demain.

Non, on n'est pas à Lourdes et je me demande si le film que je vois se dérouler est réel ou non. Au milieu de l'aéroport, un brancard transporte un patient. Il s'agit en fait d'une jeune femme gravement brûlée - visage, thorax, bras - qui était encore en réa à l'hôpital ce matin. Sa mère, qui refuse la greffe, l'a sortie contre avis médical et tente de la ramener à la maison dans le Caucase, mais la compagnie aérienne ne  veut pas l'embarquer. Didier fait traduire qu'elle va mourir, mais la mère est butée et nous les abandonnons à leur sort  bien incertain.



Direction la cafeteria. Khishgee a faim, l'interprète veut absolument que je mange pour "prendre de l'avance" parce qu'il n'y a que de la viande à Khvod. Mais il est 11h30, j'ai pris un bon petit déje à l'hôtel et l'odeur de bouffe de ce resto me donne déjà envie de vomir.
12h30 : le vol est confirmé, ouf ! Reste à prendre les billets et, comme ici, rien n'est jamais simple, l'affaire se corse à nouveau. Didier et Racha,  l'interprète, emportent nos passeports et disparaissent par l'escalier qui descend vers les bureaux d'Aero Mongolia. Kishghee, Stéphanie et moi attendons tranquillement devant l'enregistrement. Je me plonge dans un livre et je sursaute en voyant Didier, furieux, réapparaître en haut du dit escalier :
- Didier : " On annule tout, j'en ai marre, on rentre à l'hôpital "
- moi : " Mais kessekiss passe ?
- D. : " Ces connards ne savent pas ce qu'est une carte de crédit et je dois tout payer en liquide "
- moi : " Ah ouaih ! Et ça fait combien de tugriks ? "
- D : " 3 millions ! Tu t'rends compte ? Mais j'te dis ki sont complètement tarés!"
Explications : 1 euro = 1650 tugriks, alors pour payer nos billets d'avion et transporter 3 millions de tugriks, faut une brouette et, de brouette...ben... on n'en n'a pas...
Silence dans les rangs, l'interprète, terrorisée, me lance des appels de détresse. Didier debout trépigne et veut qu'on appelle un taxi pour rentrer.
Khisghee tente dans un Français hésitant : " tu sais Didier, y a beaucoup de malades qui t'attendent à l'hôpital de Khovd "
- D : " J'men fous, j'te dis qu'on annule et qu'on s'casse ".
L'interprète, toujours tétanisée, me regarde d'un air interrogateur et ses yeux clignotent au rythme d'un SOS. Au risque de me faire une fois encore engueuler, je décide de prendre la main pour un ultime joker. J'embarque l'interprète par l'escalier maudit vers le bureau d'Aero Mongolia, sans laisser le temps à Didier de m'intercepter. Il est 13h30 et le décollage est prévu à 14h... J'appelle Saran, notre interprète de toujours, et je lui demande si elle peut débloquer la situation via l'agence de voyage qu'elle connaît et où elle avait initialement réservé les billets du vol de 15h qui ne va pas décoller. En 10 minutes, tout est booké, nos places sont réservées et Didier pourra les payer, en rentrant, à l'agence, avec une carte de crédit. Tout sera donc clean pour rendre les comptes à MDM.
Nous remontons et distribuons les passeports et les billets à trois paires d'yeux ébahis.
- " Ben... Comment t'as fait ?
- Cherche pas, tu paieras en rentrant à l'agence de Saran "
Il est 13h55 et nous récupérons nos cartes d'embarquement. Contrôle scanner des bagages en courant; nous ne courons pas longtemps. Les bagages de Khishgee sont ouverts et là j'hallucine. Elle a emporté un dermatome pour pouvoir opérer - pour les non initiés, c'est un appareil métallique qui ressemble à un long épluche légumes, permettant de prélever de la peau fine pour les greffes de brûlés - et elle a aussi cinq bouteilles de bière et un couteau suisse multi fonctions pour pouvoir les ouvrir ! Elle nous explique qu'à Khvod on ne trouve pas de bière, alors... pour faire plaisir à Didier... Ça m'a vraiment l'air cool Khovd !!! Le plaisir va s'arrêter là; c'est la fin du voyage pour dermatome, couteau et bières qui sont confisqués.
C'est aussi la fin du voyage pour l'un d'entre nous car un employé de la compagnie nous annonce que l'une de nos places a été donnée... à un député ! Didier déglutit, au bord de l'explosion.
Khishgee : - " Je reste "
Stéphanie : - " Je reste "
L'interprète me murmure à l'oreille : - " Il reste 30 minutes pour décider" et c'est finalement Stéphanie qui gagne le voyage.
Nous dévalons les marches, sautons dans le bus et embarquons dans un Fokker 50 pour un vol de 2h50 vers Khovd où nous allons retarder nos montres d'une heure pour cause de décalage horaire. Les hostilités gastronomiques commencent avec ce délicieux sandwich à la viande servi à bord et que je ne prends pas. Je sors de mon sac le reste de pizza végétarienne mis dans un doggy bag et que m'a gardé hier soir ma petite Delphine, inquiète de me voir partir vers cette contrée lointaine où une végétarienne, en séjour prolongé - ce qui n'est, pour cette fois, pas mon cas - risque de se désagréger et de mourir de faim.
18 h : atterrissage. Comme la plupart des passagers de ce petit avion, je me lève. L'hôtesse me demande où je vais. Où je vais ? Mais à Khvod, bien sûr! En fait nous ne sommes pas à Khvod mais en escale, en plein désert, à Ulan Goom. Nous sommes autorisés à descendre et à marcher sur le tarmac pour nous dégourdir les jambes. Retour dans l'avion pour 30 minutes de vol et cette fois c'est bon, bienvenue à Khvod. Il est 17h10, heure locale. Khvod, 30 000 habitants, 1700 m d'altitude, posée en plein désert au pied de l'Altaï,  au bout du bout du monde et au fin fond de nulle part, entourée de hautes montagnes, aux sommets enneigés qui culminent à 4500 m d'altitude.






Nous sommes attendus par trois chirurgiens souriants et sympathiques et par la directrice de l'hôpital qui est médecin interniste. C'est une femme un peu forte, à l'abord assez froid et à l'air sévère, robe noire au jabot de dentelles qui s'avère, à l'usage, très autoritaire mais plutôt  gentille. Direction l'hôtel.  Buyant Hotel avec, dans le désordre, ses chambres kitsch aux édredons qui brillent, ses odeurs qui prennent à la gorge, ses salles de bain pourries avec eau chaude de 18 à 19 h, ses poubelles déjà pleines, ses cendriers remplis de mégots, ses savonnettes barko - barko, mot favori des mongols = il n'y en n'a pas ou plus - ses toilettes qui ne se vident pas et dont l'eau coule sans arrêt donnant au séjour une tonalité bucolique. Buyan Hotel tel que je l'espérais et qui mérite de figurer dans le Lonely Planet de Jacques. Il est 17h45 et le dîner est prêt ! Pas possible d'y échapper car l'équipe de médecins qui nous accueillent l'a commandé exprès pour nous; ils nous invitent et partagent avec nous  ce repas. On nous sert d'abord une chope à bière d'1/2 litre d'eau bouillante et je commence à m'inquiéter quand arrivent - oh soulagement ! - des sachets de thé. Les  bonnes surprises continuent puisque le repas est composé d'un délicieux poisson pêché dans la rivière proche et, même si à cette heure de l'après-midi, nous n'avons pas très faim, nous nous régalons. Didier explique via Racha, notre interprète, ce que nous faisons à Ulan Baatar et propose de venir travailler, sur le même principe, avec eux. Ils semblent très demandeurs mais ce qui m'inquiète, moi, c'est la logistique qui doit être anticipée et sans failles : acheminement du fret par avion jusqu'à UB puis par route jusqu'à Khvod, 36 h de trajet. La logistique MDM est-elle capable d'anticiper et de relever ce défi sans planter, car en cas de plantage on ne peut pas du tout travailler ?
Après le repas, ils nous emmènent au bord de la rivière : yourtes plantées ça et là, chevaux qui s'ébrouent dans le petit vent qui se lève et rafraîchit l'atmosphère, herbe verte où il fait bon se poser, le calme et la paix qui font du bien après l'agitation désordonnée et insensée de l'aéroport ce matin. Les 300 marches que nous montons maintenant nous amènent en haut d'une colline qui surplombe la ville. Point de vue superbe dans le jour qui décline où le soleil nous tire doucement sa révérence en inondant les glaciers; maisons de couleurs et yourtes posées en ordre dispersé, toit doré d'une mosquée qui brille au loin et tout autour, la steppe désertique qui s'étire paresseusement jusqu'au pied des montagnes. Étendant leurs ailes de toute leur envergure, des aigles nous survolent comme pour marquer leur territoire et nous savourons ce moment privilégié dans ce paysage de carte postale où nous espérons vraiment revenir travailler.







Retour à l'hôtel et balade à pied dans cette petite ville aux trois feux rouges où l'animation est au calme plat et où le centre ville est réduit à sa plus simple expression.
À l'hôtel, barko eau chaude because trop tard et des lits sans matelas réduits à une planche de bois et aux oreillers étranges remplis, d'après Racha, avec des grains de blé. Si elle le dit... De toute façon, il n'y a pas d'autre choix que de tenter l'expérience.
Par prudence, nous commandons le petit déje pour demain. Nous déclinons les haricots, le mouton et autres mongolesqueries, nous optons pour du thé, du café, des yaourts mais barko et nous espérons avoir du pain de mie et Didier des œufs au plat. Mais pourquoi ai-je un doute sur ce petit déjeuner ?
Je partage la chambre avec Racha, Didier avec Stéphanie.
Les médecins viennent nous chercher à 8 h demain matin.