lundi 25 juin 2012

Mongolie lundi 18 juin 2012



Après avoir soufflé toute la nuit, le vent ne faiblit pas ce matin tandis que je pars seule à l'hôpital pour tenter de ne pas commencer les programmes trop tard. Alors qu'à l'hôpital des brûlés j'avais réussi à initier une bonne dynamique au bloc avec le 1er patient en salle à 8h, ici je recommence à me battre contre des moulins à vent. Byamba, notre interprète, arrive à 8h10, en même temps que moi, les patients sont prévus au bloc à 8h30 mais tout le monde part à une réunion qui ne doit durer que 10 minutes, ben voyons... Je croise Battorgil au flegme légendaire et lui demande des nouvelles des sacs; il ne sait pas, il va téléphoner, il cherche les tickets de bagages. Alors là, deux solutions, je reste zen et je m'en fous ou je lui fais bouffer les 19 tickets de bagages dès qu'il les a retrouvés. Je pense opter pour la zénitude; d'ailleurs où est le problème ? je vis au bloc avec les restes de la dernière mission, demain je n'aurai plus rien; à l'hôtel j'ai une brosse à dents et plus de dentifrice. Donc demain, je passe à l'hypnose et je vais au supermarket racheter du dentifrice. Elles est pas belle la vie chez les Mongols ?
Depuis notre arrivée, Delphine demande à Khishgee de prévoir un planning pour les cours que Jacques est officiellement venu faire et d'organiser les réunions administratives avec Battorgil et les autres pour bosser sur le projet du nouvel hôpital mais sur ce front-là rien ne bouge non plus.



9h : arrivée de Delphine, j'attends toujours le 1er enfant, Battorgil a appelé l'aéroport, il semble que les bagages soient arrivés mais c'est Didier qui a les tickets...  à l'hôtel. Delphine me dit que Thomas était en pré pétage  de câble au petit déje parce qu'il n'a pas son sac et donc pas ses T-shirts, pas ses caleçons... Il veut partir à l'aéroport le chercher. Mais qu'il y aille, seul et avec les formalités de douane en Mongol, il y sera toujours quand nous rentrerons en France.





10h: arrivée du premier enfant, hurlant et sans dossier. 10h15 : Arrivée du dossier mais le poids que j'ai demandé pour chaque patient n'est pas noté. Namsré, l'infirmière anesth (IADE) d'hier, est venue puis repartie et ne reviendra pas; il n'y a pas non plus de médecin anesth pour m'aider. OK,  OK, je respire à fond, je fais un grand sourire et j'emmène le petit en salle. Delphine doit réséquer et greffer des  brides de la main droite. Débarquement d'une nouvelle IADE que je ne connais pas et qui  ne connaît pas la salle. Alors on cherche un laryngoscope, une sonde d'intubation, une perfusion et une tubulure pourrie sans site d'injection. Je ne sais pas comment j'endors, mais j'endors tout de même en répétant pour la 25ème fois qu'il faut faire venir le deuxième patient.



C'est en fait une patiente de 34 ans qui a, comme hier, des séquelles rétractiles de brûlures du périnée. J'ai cadré le petit, Delphine, très calme mais au  bord de l'explosion, s'habille et je pique la rachi aidée par l'interprète car le personnel se fait rare au bloc en ce matin ensoleillé d'une journée ordinaire de mission à Ulan Baatar. Didier débarque avec une excellente nouvelle : tous nos sacs ont été ouverts, plus ou moins pillés - à confirmer - et, dans l'immédiat, Battorgil ne peut pas aller les chercher. Destruction massive à Moscou ou à l'arrivée en Mongolie ? Étendue des dégâts ? Tout reste à évaluer, Didier va porter plainte. Ambiance ...
Delphine : - " Chuis au bord de la crise de nerfs". Thomas : - " J'veux une casaque plus grande pour opérer, chuis trop serré. " Khishguee : - " Y en a plus, Battorgil a tout jeté pendant le déménagement et celles d'ici sont à stériliser."
Alors on reprend, chaque équipe travaille en silence et termine ensemble. Il est midi, je réveille le petit pendant que les chirurgiens  voient en consultation une jeune femme de 28 ans, épileptique, tombée dans le feu, pour la deuxième fois, au cours d'une crise. Brûlures du visage, du thorax, grand chantier chirurgical annoncé et anesthésie sportive car elle ne peut pas ouvrir la bouche. On prévoit de l'opérer vendredi matin.



Didier et moi devons partir en mission exploratoire à Khvod, à l'ouest de la Mongolie, à 2000 km d'Ulan Baatar, au pied de l'Altaï, pour tenter de monter une nouvelle mission permettant de prendre en charge ces populations éloignées et défavorisées qui ne peuvent pas venir jusqu'à nous. L'avion pour Khvod est demain après-midi avec retour jeudi. Khisgee promet qu'il y aura un anesthésiste mongol pour me remplacer parce que si le bordel innommable d'aujourd'hui se poursuit, Delphine peut venir avec nous, ça ne sert à rien qu'elle reste.






Poursuite des hostilités avec un petit de 18 mois qui a deux veines utilisables que l'IA D s'empresse de péter, refusant de passer la main. Et ki c'est ki va péter un câble ? Après 30 minutes de galère, Jacques réussit à mettre un cathlon dans une fémorale et je peux endormir.
Les garçons font un pique-nique dans le bureau pendant que nous opérons et nous faisons, Delphine et moi, le break à 14h30. C'est à ce moment-là que j'apprends que Battorgil va rentrer de l'aéroport, que les bagages n'ont pas du tout été pillés, seul un carton MDM, malmené, est un peu éventré et surtout qu'il a tous les sacs sauf... sauf.. sauf... un des miens, mais je ne sais pas lequel. Retour de Battorgil, il me manque le plus gros sac, blindé de médicaments, de peluches, de jouets pour les enfants, de bijoux et de parfums pour leurs mamans et qui contient, accessoirement, ma trousse de toilette et mes affaires perso. Alors certes, ma garde robe ne contient que le minimum vital pour me changer, 1 pantalon, 1 t-shirt  et 1 slip mais là, je n'ai plus rien. Par chance, je sauve mon stimulateur de nerf dans le sac récupéré. Pour l'autre sac, deux hypothèses : soit il  s'est perdu, pas de bol et je vais le récupérer, mais quand ? Soit il a été braqué par les douaniers russes et là... Battorgil appelle Aeroflot qui, bien sûr, ne sait pas, mais dont une employée zélée lance les recherches et rappelle... sans préciser quand... Nous attendons toujours ce soir.



Je passe beaucoup de temps à tout ranger et Khisghee annule la dernière patiente car il n'y a plus de casaques ni de matériel pour opérer. Elle nous dit que c'est très difficile pour elle avec le déménagement, je veux le croire. Nous venons, nous, de passer une journée pourrie.
Le départ à Khovd avec Didier est bien demain, mais en fin de matinée par un vol non direct.  Atterrissage à Olgii, à 200 km au nord ouest de Khvod que  nous devons rejoindre en voiture après 6h de piste. Nous rentrons jeudi de notre escapade en espérant avoir trouvé un hôpital pouvant nous accueillir pour nos prochaines missions.



Retour à l'hôtel tandis que le ciel est à l'orage et c'est trempés par une énorme averse de grêle que nous arrivons dans le hall. Mon pantalon est à tordre et je n'ai rien pour me changer. Delphine me prête un T-shirt, j'attends que mon pantalon sèche.
Ce soir dîner en ville et soirée agréable. Le problème est que l'hôpital de traumato est loin du centre et que nous sommes obligés de prendre un taxi à chaque fois. Ici, il suffit de se mettre au bord de la route et d'arrêter une voiture particulière, puis de négocier le prix de la course. Eric le kiné est typé asiatique car ses grands parents sont Cambodgiens et tout le monde le prend pour un Mongol. Ce soir encore, le chauffeur de taxi commence à lui parler Mongol et nous éclatons tous de rire.
Le dîner est excellent et il est plus de minuit quand nous rentrons nous coucher.









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