Dans
l'avion vers Ulan Baatar...
Nouvelle
mission en Mongolie pour l'Opération Sourire de Médecins du Monde. Départ tôt de Pau ce matin, Philippe me
laisse à l'aéroport. Nous avons l'habitude de ces départs au petit matin
vers des horizons lointains où la séparation permet de mieux se retrouver. J'ai besoin, moi, de
ces missions vers là-bas ou ailleurs pour
reprendre pied, loin du quotidien de la clinique. J'ai besoin de partir pour
donner, sans rien d'autre en retour que des sourires d'enfants, des regards de
mamans. J'ai besoin d'autres priorités, d'autres urgences.
Bonheur
des retrouvailles à Paris. Delphine, chirurgien
des brûlés à Lyon, mon amie de cœur, ma complice de mission, l'accord parfait au bloc dans
une confiance mutuelle où la partition se déroule sans fausses notes. Didier, chirurgien à Marseille, chef de mission, mon compagnon du Bangladesh,
un grand cœur de râleur, des mains qui réparent d'autres mains, une
affection sans faille malgré ses gros coups de gueule;
nous fonctionnons en osmose et chacun connaît les limites de l'autre.
Jacques, anesthésiste réanimateur à la retraite, ancien chef de
service de réa des brûlés à Lyon, ami de Delphine; il vient pour faire des cours et
pour aider les Mongols dans la conception du nouvel hôpital des brûlés qui va se construire; sourire chaleureux, abord facile,
"un grand Monsieur", me dit Delphine. Et puis il y a Thomas,
chirurgien assistant dans le service de Didier, Eric, kiné et Pauline, également kiné, que nous retrouverons à Moscou.
C'est à Bagages du Monde que nous récupérons les 200 kg de matériel médical pour la mission.
Poussant nos cartons, notre caravane s'ébranle telle une bande de réfugiés au destin incertain. Le nôtre s'arrête en plein hall de l'aéroport et c'est devant un groupe de touristes japonais médusés que nous ouvrons les cartons
et transvasons leur contenu dans des sacs MDM. Seringues, fils de sutures,
tubulures de perfusions, c'est la grande braderie de l'humanitaire en plein cœur de Roissy. Manquent le shit et la coke. Cette opération cartons-sacs, programmée par MDM, est en fait une
ruse pour faire croire aux douaniers mongols que nous sommes des touristes et
leur enlever l'envie de tout nous braquer à l'arrivée. Plus futés que nous, tu meurs!
L'hôtesse qui nous accueille pour l'enregistrement des bagages
a mauvaise mine en nous voyant, d'autant que Didier, avant même de lui dire bonjour, lui passe un saxo et lui explique
que nous faisons ce barnum depuis neuf ans déjà, que nous connaissons bien la procédure et qu'il faut répartir le poids sur tous les
passagers. Sauf que ça n'est pas du tout la bonne
procédure et que l'hôtesse, tout sourire mais au bord du désespoir, entonne le couplet -"on se calme et on
s'organise". 90 minutes d'organisation et 2000 euros de surcharge de
bagages plus tard, chacun a sa carte d'embarquement et il nous reste juste le
temps de rater l'avion. Contrôle de police et contrôle des bagages. C'est l'heure de déjeuner et des employées noires, nonchalantes et zélées, nous jouent un grand sketch
dans un accent créole inimitable.
- "
Tu pouends l'écouan ? " - traduisez :
tu prends l'écran ? - Y en a une qu'en a
marre de regarder l'écran d'contrôle et l'autre ka pas du tout envie d'la remplacer. Bon,
c'est pas comme si on était pressés et qu'on risquait de rater l'avion ! Y a juste vingt
personnes qui attendent devant le tapis roulant à l'arrêt que quelqu'un prenne ce putain d'écran et Delphine qui tient dans la main un sac de plastique
contenant des petit flacons de produits de toilette et qui vient de péter, va juste leur faire bouffer les flacons et le sac
plastique !!! Nous ne raterons pas l'avion car il a 30 minutes de retard et
c'est à bord d'un Airbus
A320 d'Aeroflot
affrété par Air France que nous embarquons pour un vol de 4 h 30
vers Moscou. Le plateau repas froid servi à bord est digne des pires
cantines et devrait faire honte à Air France, compte tenu du
prix exorbitant des billets d'avion.
Atterrissage
à Moscou avec une heure de retard, mais là encore nous ne raterons pas l'avion car celui d'Ulan Baatar est, lui aussi, en retard. Nos bagages, eux, sont peut-être dans l'avion,
peut-être plutôt en escale à Moscou... Non, non, me dit
Didier, ils sont prioritaires et ils vont faire le rush ! S'ils vont faire le
rush, alors, aucune raison de s'inquiéter...
Vol de 6
heures vers la capitale mongole. Nous débarquerons dans la nuit à 1h pour la France, + 6 heures de décalage horaire. Le jour se lève déjà sur un océan de nuages et je suis juste un peu fatiguée.
bonjour
RépondreSupprimerOu puis je trouvrai ce livre " les ailes de la vie "!